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Se relancer en amour

Si l’envie de rencontrer à nouveau se présente, c’est normalement lorsque nous sommes prêts à être vulnérable auprès d’une autre personne, également conscient.e des risques d’être blessé.e à nouveau. Nous savons bien que les relations amoureuses peuvent présenter des défis et parfois être blessantes. Je peux aussi me questionner sur ma disponibilité autant émotionnelle qu’organisationnelle. Je m’explique, suis-je investie dans mille et un projets ? Ai-je de l’espace et la liberté d’introduire une nouvelle personne dans ma vie ? Suis-je prêt.e à m’investir ? Ai-je vraiment envie de bâtir une nouvelle relation ?

Lorsque je me sens prêt.e à rencontrer, je peux m’inscrire sur une application de rencontre, m’inscrire à des activités qui me plaisent et dans lesquelles j’ai la possibilité de faire des rencontres. Je dois idéalement créer des occasions pour entrer en contact avec les autres. 

2. Comment braver la peur du rejet ?

La peur du rejet est assez courante chez les êtres humains. Nous avons peur ne pas être aimés pour qui nous sommes. Être rejeté.e peut être confrontant pour notre égo et raviver des blessures antérieures. Certain.e.s vont même jusqu’à remettre en question leur propre valeur.

Il est essentiel de comprendre que lorsqu’une personne nous rejette, cela ne remet pas en cause notre valeur personnelle. C’est plutôt une question de manque de connexion, de différences accumulées qui peuvent sembler insurmontables pour l’autre, ou encore une indisponibilité émotionnelle ou un style d’attachement évitant, etc.

Si cela parait être un trop gros enjeu pour moi, je peux chercher du soutien et des ressources pour travailler sur cette difficulté, par exemple en renforçant mon estime de soi ou en cultivant mon amour-propre.

Sortir de l’isolement peut également être difficile, car nous nous sommes peut-être habitué.e.s et même conforté.e.s dans cet inconfort. Je peux prendre des mesures douces pour tester comment je me sens en compagnie d’autres personnes. L’inconfort fait partie intégrale du processus de changement. Si je veux évoluer et grandir à travers mes expériences, je dois accepter de ressentir de l’inconfort. Lorsque je me sens mal à l’aise, que puis-je faire ? 

3. Comment savoir qui j’ai envie de rencontrer ?

Nos expériences et relations antérieures peuvent nous guider dans nos choix futurs. Elles nous fournissent de bons indices pour identifier ce que nous souhaitons retrouver ou éviter dans notre prochaine relation. En faisant le bilan, je peux déterminer de quelle manière je souhaite bâtir ma prochaine relation.

Je dois être consciente que je vais rencontrer d’autres défis dans ma prochaine relation, car notre partenaire est généralement notre miroir, reflétant notre comportement et parfois faisant remonter des blessures en nous. C’est la personne à qui nous nous attachons et avec qui nous nous permettons d’être vulnérables. Il est normal que cela puisse être effrayant. Dans les phases du couple, nous rencontrons la désillusion, où nous faisons face à des défis qui ne semblaient pas présents au début. C’est à ce moment-là que je peux réaliser que je ne suis pas dans une relation qui me convient ou que je dois travailler sur moi-même.

Je dois aussi me rappeler que mon diagnostic ne me définit pas. Je suis une personne complète avec des qualités et des défauts, et la manière dont je me perçois et me présente aux autres peut influencer ma connexion avec eux.

Vivre avec un diagnostic présente des hauts et des bas, et il est normal que l’autre puisse trouver cela difficile aussi. C’est pourquoi il est parfois important de chercher une aide extérieure pour composer avec les défis du quotidien. Cependant, il est crucial de prêter attention aux comportements toxiques où l’autre personne pourrait me culpabiliser à cause de mon diagnostic. Je peux m’assurer de la compréhension de mon/ma partenaire face à ce que je vis et le/la guider dans certaines situations afin de mieux comprendre ma réalité. 

Être prêt à rencontrer quelqu’un signifie d’accepter sa vulnérabilité tout en étant conscient des risques de blessure. La peur du rejet est normale, mais elle ne remet pas en cause notre valeur. Réfléchir à nos expériences passées et nos relations peut nous aider à définir ce que nous souhaitons dans une nouvelle relation. Les défis sont inévitables, mais ils offrent des opportunités de croissance personnelle. 

Il existe une application de rencontre inclusive aux personnes faisant partie de la neurodiversité et celles en situation de handicap. Vous trouverez des outils pour faciliter les échanges, la possibilité de faire des vidéoconférences avant de rencontrer l’autre physiquement et de l’aide de sexologues spécialisé.e.s.

Chaque personne vit la fin d’une relation amoureuse de manière unique. Cependant, il est crucial de noter que les personnes neurodivergentes peuvent rencontrer des défis particuliers, tels qu’une gestion plus épuisante des émotions, êtres très anxieuses, êtres plus sensibles et rencontrer des obstacles dans la communication avec autrui. Ces éléments peuvent provoquer d’importants bouleversements dans leur quotidien.

Il est possible que certaines d’entre elles s’isolent, au lieu d’aller chercher du soutien ou de l’aide auprès de personnes de confiance. Elles peuvent être freinées par l’anxiété sociale, le sentiment d’être incomprises et des difficultés à exprimer leurs émotions et leurs besoins.

Quelques personnes neurodiverses pourraient mal comprendre le concept de rejet et se sentir rapidement abandonnées. Le rejet est difficile à gérer pour la plupart des gens ; imaginez donc pour quelqu’un qui se sent déjà perçu comme différent. C’est pourquoi le soutien et la bienveillance sont essentiels dans l’accompagnement des personnes faisant partie de la neurodiversité confrontée à un deuil amoureux.

Comment gérer les émotions si on se fait laisser ?

Il est important de se permettre de ressentir de la peine et de la colère. Il serait bénéfique de se confier à une personne de confiance et de formuler clairement ses besoins, comme le besoin d’écoute. Il est conseillé d’éviter l’isolement et de se ressourcer à travers des activités plaisantes, comme des passions, des sports ou d’autres loisirs.

Comment se sent-on lorsqu’on met fin à une relation ?

Il est tout aussi valide de ressentir de la peine, même en étant la personne qui a initié la rupture. Les recommandations sont similaires : se confier à une personne de confiance, exprimer clairement ses besoins, éviter de s’isoler, et se ressourcer à travers des activités qui apportent du bien-être, telles qu’une passion. 

C’est également un bon moment pour faire le bilan de la relation, afin d’identifier ce que l’on souhaite retrouver ou éviter dans une future relation, et de réfléchir à ses limites et défis personnels.

Qu’est-ce qu’on fait quand on a envie d’encore être en amour ?

Il est préférable de prendre son temps. Certaines personnes se précipitent dans une nouvelle relation pour combler un vide, mais il est essentiel de laisser retomber la poussière et de prendre le temps nécessaire pour faire le deuil de la relation précédente. Se hâter peut sembler bénéfique sur le moment, mais cela ne laisse pas le temps nécessaire pour guérir et se reconstruire.

Est-ce qu’il y a des pistes pour se concentrer sur soi ?

Se concentrer sur soi peut prendre diverses formes : prendre du temps pour soi, passer du temps avec des amis ou de la famille, et réfléchir à ce qui a été apprécié ou moins apprécié dans la relation précédente. C’est aussi l’occasion de réfléchir à ses propres améliorations possibles en vue d’une future relation. Cette période peut également être consacrée à pleurer, se défouler, parler de ses émotions ou écrire sur ses expériences, seul.e ou accompagné.e d’un.e professionnel.le ou d’une personne de confiance apte à écouter et à guider.

On entend souvent le récit d’une personne neurodivergente ayant développée des sentiments amoureux envers une personne en position d’autorité, comme un proche aidant ou un intervenant. La vérité, c’est que c’est normal de tomber amoureux ! Et qu’il est permis d’avoir des sentiments. 

Les personnes de confiance qui font partie du quotidien de quelqu’un ont un impact significatif dans leur vie. C’est pourquoi il est important d’aborder les relations égalitaires et les sphères d’affection.

Qu’est-ce qu’une relation égalitaire, alors ? C’est un espace où chaque personne impliquée peut exprimer son consentement de manière libre et éclairée. Si l’une des personnes détient un pouvoir sur l’autre dans une relation, le consentement peut être compromis et cela peut entraîner des situations ambiguës où la personne pourrait ne pas se sentir en mesure de refuser certaines faveurs, se trouvant ainsi en position de vulnérabilité. Comment peut-on alors signifier à l’autre que la relation est impossible ? 

Plusieurs éléments méritent d’être adressés en toute transparence, comme le consentement et les inégalités engendrées par une relation dans laquelle l’une des personnes est en position d’autorité. Bien entendu, l’âge entre en ligne de compte, ainsi que le contexte légal. Ce n’est pas une faute, personne n’est à blâmer si une personne sous votre charge éprouve des sentiments envers vous, mais des changements devront être mis en place pour recadrer la relation professionnelle ainsi qu’à sensibiliser aux relations égalitaires.

Après avoir discuté des relations inégalitaires, il est recommandé d’encourager l’autre à rencontrer des personnes du même âge qu’elle, de l’inciter à tisser des liens basés sur la confiance avec ses pairs et d’ainsi encourager le développement d’un sentiment d’appartenance avec des personnes avec lesquelles les relations égalitaires sont possibles. Il faut donc encourager son autonomie et qu’elle ait accès à l’intimité.

Connaître et comprendre son rôle est d’une haute importance, car cela vous aidera à dresser des limites claires et à prendre les actions nécessaires pour respecter l’intégrité de la personne sous votre charge, tout en soustrayant la possibilité d’une relation amoureuse. 

Que vous soyez proche aidant.e, intervenant.e, moniteur ou monitrice, le degré de proximité envers l’autre peut varier. Procurez-vous des soins à l’autre, lui donner le bain, changer la personne ou l’aider à aller aux toilettes ? L’accès à cette intimité peut parfois faire ressortir des émotions et des signes d’excitation physiques. Bien que cela soit normal, le respect de tous doit dominer l’interaction. Il faut d’ailleurs comprendre que d’avoir accès à l’intimité de l’autre est un privilège et que de demander à la personne qui reçoit vos soins, si elle consent à vos gestes et d’assurer son confort.

Que faire pour décourager l’excitation et continuer à procurer des soins à une personne dont vous êtes responsable ? Premièrement, il faut être en mesure de distinguer une érection non-volontaire d’une érection provoquée par l’excitation sexuelle afin de mettre les mesures pertinentes en place. Ensuite, si l’excitation est causée par votre présence, les options vont varier en fonction de votre rôle dans la vie de l’autre. Est-ce qu’il y a une équipe autour de vous ? Est-ce que vous pouvez adresser la situation à une personne responsable en qui vous avez confiance ? Le but est de vous désengager de l’intimité de l’autre.

Si cela est une option, laissez les tâches de proximité entre les mains d’un.e collègue afin de redéfinir votre rôle dans l’univers de l’autre, en occupant une sphère amicale sans entrer dans son intimité.

Le rejet affecte négativement l’estime de soi, il sera important d’accueillir les émotions de la personne ainsi que de redresser l’environnement dans lequel vous poursuivrez votre amitié et cela se fera par l’influence positive que vous occupez dans la vie de cette personne. Si une personne éprouve des sentiments envers vous, c’est qu’elle vous estime. Votre opinion sera alors importante pour elle et si vous l’encouragez à se faire plus d’amis avec des personnes de son âge qui partagent ses valeurs, ses goûts et ses aspirations, et ce, sans contexte d’autorité, vous l’encouragez à bâtir des relations solides et égalitaires.

Afin de respecter son autonomie, l’angle bienveillant consiste à lui suggérer des pistes, comme lui présenter différentes applications et événements de rencontres affectives et amoureuses, plutôt que de prendre l’initiative de l’inscrire vous-mêmes. De cette façon, vous lui laissez la liberté de décider, tout en lui soulignant que l’amour est possible, simplement ailleurs.

Si vous n’avez pas l’option de vous désinscrire des tâches de proximité, l’aide d’un.e sexologue spécialisé.e ou d’un.e ergothérapeute pourrait être la solution qui vous convient. L’important, c’est d’être en mesure de dresser vos limites, de respecter l’autre et de continuer vos activités avec un lien de confiance solide. 

Entrevue avec François Renaud, de la clinique Le Sexologue

Pourquoi est-ce important d’aborder le sujet avec l’enfant, avant même qu’iel ne le fasse?

« Votre enfant est de nature curieuse, mais il ne posera pas toujours les questions aux bons moments. Par exemple, on n’attend pas que nos enfants demandent de l’information sur la langue française ou les mathématiques, on le fait de manière naturelle et de notre propre initiative. La sexualité, c’est la même chose. Cependant, selon le sujet, le degré de maturité et son développement psychosexuel va déterminer les sujets et la manière de les aborder. Tout comme le sujet de la mort, par exemple, qui peut être un sujet délicat et sensible à aborder. Parfois, les conversations sur la sexualité se présentent toutes seules et d’autres fois, il faut nous-mêmes prendre l’initiative. Cela démontre qu’on est à l’aise avec le sujet et qu’iels peuvent venir nous voir et poser des questions. Les enfants comprennent assez rapidement les sujets qu’on peut aborder et ceux qu’on ne peut pas. Si le sujet n’a jamais été abordé, l’enfant peut comprendre qu’il ne faut possiblement pas le faire. »


Pourquoi il ne faut pas laisser traîner un livre sur la sexualité sur la table du salon en espérant que l’enfant neurodivers apprenne sur le sujet, seul.e ?

« On peut laisser un livre à sa découverte, mais il est important d’en faire un retour avec iel. La complexité de la sexualité ne s’apprend pas seulement au travers d’un livre, surtout pour des enfants. La neurodiversité rajoute aussi une couche de complexité à la tâche éducative dans la sexualité. Tout l’aspect émotif et sa compréhension doivent être « vérifiés » et corrigés au besoin pour s’assurer d’avoir une bonne relation à la sexualité et une ouverture pour avoir la discussion avec ses parents par la suite selon les questions qui peuvent émerger ensuite. »

Ton expérience, en quelques mots, entourant l’importance d’aborder le sujet de la sexualité, avec son enfant, malgré un possible malaise ou un tabou. 

Bien qu’il ne devrait pas vraiment avoir de malaise entourant la sexualité, la transmission de ce malaise se fait de génération en génération. Il est donc normal de l’avoir et encore plus important de se questionner sur ses malaises pour éviter de les transmettre. C’est le rêve de tous les sexologues qu’un jour, on puisse parler allégrement de la sexualité comme on discute de la liste d’épicerie ou de la géographie.

Plus on parle de sexualité ouvertement et avec aisance, plus on apprend que le sujet n’a pas besoin d’être tabou et on transmet donc moins ce malaise. D’ailleurs, ce ne sont pas tant les connaissances qu’on transmet à nos enfants sur la sexualité, mais notre vécu émotif durant les échanges avec eux. Cela déterminera beaucoup la relation qu’iels auront avec la sexualité plus tard. Les connaissances sont facilement corrigibles au besoin, l’état émotif fait un emprunt plus significatif. Il est donc très important de comprendre notre propre malaise et de tenter de le réduire le plus possible. Peu d’information sur la sexualité va traumatiser un enfant quand on y réfléchit. 

Informer notre enfant qu’un pénis rentre dans le vagin et qu’il y a un liquide qui sort du pénis pour faire des bébés est tout aussi naturel pour eux que de leur expliquer le système digestif. En tant qu’adulte, nous avons par contre toute la complexité émotive et relationnelle qui vient avec l’acte sexuel. L’amour, le plaisir et le désir sont des notions qu’on peut expliquer à un autre moment dans son développement. 

Quand avoir la première conversation, avec son enfant, sur la sexualité ?

À la première opportunité qui se présente ! Ton enfant se touche le pénis ou la vulve. On peut nommer les parties avec les « VRAIS » mots. Ce n’est pas un kiki ou un trésor. C’est un pénis, une vulve et un vagin. On peut leur nommer les différentes parties comme le clitoris, les grandes et petites lèvres, le gland, le prépuce, les testicules et le scrotum. Tout comme on peut le faire avec les autres parties du corps. Montrez-leur des livres d’anatomie détaillés et adaptés à leur âge avant le dodo comme lecture.

S’il se touche les organes génitaux, on peut leur nommer que cela peut être plaisant et s’appelle la masturbation, mais qu’on le fait plutôt seul dans sa chambre ou quand il n’y a personne. On peut parler d’amour et d’amoureux-se et faire la distinction entre un ami(e). On peut leur parler de la nudité et de l’importance de l’intimité. Des différents styles de famille (homo et hétéro parentalité). La notion du consentement où ils peuvent dire non à des câlins et des bisous, même de leurs parents.  Ils doivent demander permission avant d’en donner aussi. De cogner à la porte avant de rentrer dans leur chambre et la vôtre quand la porte est fermée.

En fait, vous avez probablement déjà parlé de sexualité à votre enfant, car chaque famille établie des règles et des normes à suivre à un très jeune âge sur les rôles de genre et la sexualité, surtout la nudité. Quand vous parlez de la différence entre les filles et les garçons… vous parlez de sexualité. Quand vous indiquez les moments où on peut être nu et devant qui, c’est de la sexualité. Il est important de se questionner sur les règles que l’on a établies et pourquoi. Quel impact a eu ses règles sur notre sexualité et celle sur la leur. Est-ce qu’elles sont restrictives, limitatives, libératrices, etc.

La sexualité est un sujet souvent absent de l’éducation en général, surtout lorsque les enfants sont neurodivergents. Cela mène à l’invisibilisation de leur sexualité et ajoute à la stigmatisation de ces derniers.

Après avoir échangé avec plusieurs parents sur le sujet, on remarque que certains y songent, quelques-uns en appréhendent la tâche tandis que d’autres s’y préparent.

Nous avons demandé à plusieurs parents de présenter leur perception de l’éducation sexuelle.

« Ayant moi-même vécu dans un environnement où le sujet de la sexualité était un sujet comme un autre, je fais en sorte que mes enfants puissent me parler de tout et que je sois là pour les aider. Il se peut que je sois déçue de ce qu’ils ont à me dire, mais je ne serai jamais fâchée. »  Raconte une mère.

Ce qui est compris, connu, expérimenté ou dévoilé par l’enfant peut être déstabilisant, difficile à accepter ou même inquiétant. Poursuivre la conversation et accueillir les questions malgré les inconforts favorise une plus grande relation de confiance chez l’enfant et l’incite à venir chercher du soutien malgré la gêne. Vous pouvez ainsi prévenir des situations problématiques et aider votre enfant à s’outiller davantage en instaurant un climat bienveillant. 

« On veut faire plaisir aux autres quand on est TSA.On vit ça différemment » confie la mère d’un enfant autiste. « Moi, quand j’ai eu ma première relation, je l’ai fait pour faire plaisir à l’autre. Je ne veux pas que mes enfants vivent ça. Je veux leur apprendre ce qu’est l’amour. » 

La sexualité des personnes neurodivergentes existe !

De nombreux mythes issus de la société laissent croire que les personnes neurodivergentes n’ont pas de sexualité ou qu’il est possible de tout simplement ignorer le sujet afin de ne pas aller «éveiller leur sexualité».

Un parent nous témoigne : « En dedans de moi, j’aurais envie de mettre une cage autour d’eux pour les protéger, mais si je le fais, ça fait l’inverse. J’ai appris que de vouloir les protéger, c’est de les jeter dans la gueule du loup. »

Reconnaître l’existence de la sexualité des personnes neurodivergentes encourage leur autonomie et ajoute à leur sécurité sexuelle.

Les statistiques démontrent l’importance de l’éducation sexuelle, car plus une personne en sait sur la sexualité, plus elle attendra avant d’avoir des relations sexuelles et que lorsqu’elle en aura, elle saura le faire de façon saine.

Les données indiquent aussi une diminution des risques de violence sexuelle si une personne est exposée à des représentations amoureuses respectueuses.

Il est donc important de faciliter l’accès à l’éducation sexuelle spécialisée.

Plusieurs parents répondent se sentir plus ou moins outillés pour faire l’éducation sexuelle à la maison.

« Pour certains aspects, je suis confortable, tandis que pour d’autres, j’ai des doutes. Alors je vais me renseigner sur le sujet et je lis pour comprendre, et j’y vais avec le niveau de compréhension de mon enfant quand il m’approche avec le sujet »  déclare un parent. 

Il est encouragé d’aller chercher de l’aide et cela facilitera votre tâche ! Il existe plusieurs sources d’éducation sexuelle, notamment les services de sexologues, qui sont fortement recommandés, surtout si vous avez un inconfort avec le sujet.

Les livres sur l’anatomie peuvent grandement vous aider. Si vous optez pour cette alternative, il est important de prendre le temps de s’asseoir avec l’enfant et de lui expliquer le contenu pour éviter toute confusion et d’être très clair dans vos explications.

Plusieurs ressources inclusives sont aussi là pour vous renseigner, vous et votre enfant, dont Tel-Jeune et Alter-Héros.

Tous ces services sont là pour vous aider à mieux répondre à la fameuse réponse à la question « Mais d’où viennent les bébés ? » 

Marie-Christine Dufour, sexologue au Programme de soutien et d’intervention clinique (PSIC) installation (IUSMM) institut universitaire en santé mentale de Montréal, travaille avec la clientèle en santé mentale adulte qui inclut l’ensemble des diagnostics de troubles psychotiques, troubles de l’humeur et les troubles de la personnalité. 

Elle nous a accordé une entrevue afin de discuter des impacts de la schizophrénie sur la sexualité des personnes vivant avec ce diagnostic. 

La prise de médication

« Tout d’abord, la schizophrénie est un spectre et se manifeste différemment pour chaque personne. Les symptômes et les effets de la médication peuvent donc varier. Lorsque quelqu’un prend de la médication, cela peut affecter sa sexualité et mener à des difficultés érectiles, une perte de désir sexuel, une perte de lubrification vaginale et même jusqu’à rencontrer des difficultés à atteindre l’orgasme. 

 Ceci mène certain.e.s à cesser la prise de médication ou à consommer des drogues pour mieux performer. Lorsqu’une personne arrête sa médication, cela mène à  »une explosion de symptômes » et la consommation augmente le risque de psychoses. Donc, en bout de ligne, cela n’aide pas réellement. »

L’intervenante suggère plusieurs pistes où continuer la médication et avoir une vie sexuelle épanouie est chose possible ! 

« Si votre médication entraîne des dysfonctions érectiles et que vous souhaitez avoir des érections, il est possible d’en parler à votre psychiatre ou à votre médecin et de recevoir une prescription pour du Viagra. Il est aussi possible de faire ajuster votre médication ou de trouver d’autres solutions qui vous conviennent et qui auront un impact positif sur votre sexualité. » 

« Un autre point à considérer, c’est que la sexualité n’est pas seulement la pénétration », ajoute la bachelière en sexologie « Il y a le sexe oral, les objets sexuels et plus encore ! Prendre le temps de découvrir ses zones érogènes, autres que l’organe sexuel, peut nous faire découvrir de multiples façons d’avoir des orgasmes sans pénétration. Il est aussi possible d’explorer le sexe anal, mais il faut savoir que ce n’est pas pour tous.tes et qu’il est important de savoir comment faire avant de procéder, afin de réduire le risque de blessures. »

Les voix qui persistent malgré tout

« Parfois, les voix se manifestent lors de relations sexuelles et peuvent interrompre ce qui aurait pu, autrement, être une expérience plaisante. Cela affecte grandement l’estime de soi. »

L’intervenante suggère de développer des phrases qui aideront à revenir dans le moment présent. Une phrase comme  »je suis en contrôle de moi-même » peut aider à revenir dans la réalité et à pouvoir continuer à avoir du plaisir avec l’autre.

Elle s’adresse d’ailleurs directement aux personnes vivant avec la schizophrénie en disant « Si la personne avec qui vous avez une relation sexuelle sait que vous vivez avec la schizophrénie, il est possible de nommer ce qui se passe lorsque vous éprouvez certaines difficultés, et ce, même pendant le moment, afin qu’il n’y ait pas espace à l’interprétation. La communication joue un rôle principal dans toutes les relations amoureuses. Lorsque vous serez en couple ou si vous l’êtes déjà, il sera important de dire comment vous vous sentez à votre partenaire. »

Certaines personnes pourront  »gérer leurs voix » et d’autres ne le pourront pas. C’est pourquoi Marie-Christine conseille l’idée de  »parler à ses voix  » et de leur laisser savoir qu’elles arrivent au mauvais moment. « Il est possible de leur dire de revenir plus tard. On peut dire à ses voix  :  »En ce moment, je ne suis pas disponible pour te parler, je te donne rendez-vous à 13 heures demain » pour leur faire savoir que ce n’est pas le bon moment. »

 Au-delà des enjeux

Chez les personnes vivant avec la schizophrénie, on peut remarquer un manque de motivation d’aller vers l’autre, une faible estime de soi, une insouciance face aux autres ou aux conséquences de ses actions, un désintéressement et un isolement, un manque d’accès à l’intimité et un découragement de l’autonomie. 

C’est pourquoi Marie-Christine suggère de prendre le temps de réfléchir à ses objectifs personnels, car cela aide à développer la motivation nécessaire pour foncer vers ce qui allume l’esprit. Que ce soit d’avoir une relation amoureuse stable ou même de fonder une famille, la sexologue dit : « Allez découvrir la flamme qui vous habite et trouvez votre étincelle. »

L’accès à l’intimité

« Si une personne vivant avec la schizophrénie habite en milieu d’hébergement, il peut être délicat pour elle d’obtenir la permission de recevoir son ou sa partenaire à passer la nuit. »

Un plan flexible pourrait convenir entre une personne vivant en ressource et le personnel du même centre. Faire une charte, un code d’éthique, est fortement recommandé. « Si on fait un plan de vie pour que la personne puisse recevoir son ou sa partenaire et qu’on s’entend sur un compromis, on encourage l’autonomie tout en gardant une stabilité et cela permet d’établir un lien de confiance. » Dit-elle, en proposant d’organiser des activités auxquelles le ou la partenaire peut participer.

 « Il est possible de s’entendre pour que le couple puisse louer une chambre d’hôtel et de monter le budget cela ! En plus, c’est une façon d’encourager la gestion d’argent. » 

Les liens de confiance

 Qu’une personne soit célibataire ou en couple, tisser des liens de confiance reste un aspect important afin d’avoir un filet de sécurité et de développer une complicité avec son entourage. Pouvoir aborder le sujet de la sexualité avec les personnes en qui on a confiance, permet d’avoir des discussions saines entourant le sujet. 

« Il est premièrement recommandé de se rallier avec une personne qui vous ressemble sur le plan des valeurs, de son ouverture à la discussion et de son aisance à discuter sexualité. En deuxième lieu, prendre le temps de développer un lien en allant souvent discuter avec les personnes en qui vous avez confiance afin d’aborder plusieurs sujets et finalement, savoir qu’un intervenant doit intervenir sans jugement et avec ouverture, empathie et respect. » Parce que parler brise l’isolement. 

L’intervenante du CIUSSS de l’Est de l’île de Montréal souligne d’ailleurs l’importance d’avoir accès à l’éducation sexuelle spécialisée, dans le but d’encourager la santé sexuelle des personnes ayant un diagnostic pouvant les marginaliser. 

À travers cet article, nous vous proposons de vous accompagner en vous fournissant des stratégies pour explorer de manière saine votre sexualité, que ce soit en solitaire ou en compagnie de partenaires. La question de l’accessibilité au plaisir chez les personnes neurodivergentes se pose en raison des défis auxquels elles peuvent être confrontées pour ressentir le plaisir, le verbaliser et comprendre les désirs et les besoins de leurs partenaires intimes. 

Se connaître: mes envies, mon plaisir, mes limites.

Afin d’aborder la façon de ressentir le plaisir de manière consciente et épanouissante, il est essentiel de se plonger dans un processus d’auto-découverte en solo ou avec son, sa, partenaire intime. Tout d’abord, il peut être intéressant d’explorer ses propres désirs et limites. Cela implique de prendre le temps d’identifier ce qui nous attire et ce qui nous met mal à l’aise lors de date ou même lors d’activités intimes en solo. En se demandant quelles émotions surgissent lorsqu’on évoque nos expériences sexuelles passées, on peut alors identifier des schémas émotionnels récurrents, permettant ainsi de distinguer les expériences agréables de celles qui le sont moins. Afin de mieux comprendre nos envies et nos limites, il peut être bénéfique d’écrire ou de dessiner les activités que nous aimerions partager avec un.e partenaire, en incluant les aspects sexuels et intimes. Ce travail d’introspection nous permet d’arriver à un rendez-vous avec une idée claire de nos désirs et de nos frontières.

En ce qui concerne la sensorialité, que vous ou votre partenaire soyez hyper ou hyposensoriel.le, il peut être intéressant de dresser une liste des sensations agréables et désagréables en tenant compte des particularités sensorielles touchant vos cinq sens. Privilégier l’utilisation de produits naturels sans odeurs fortes, comme les lubrifiants à base d’eau inodores, peut également contribuer à une expérience plus agréable pour les personnes hypersensorielles. Pour optimiser la disponibilité mentale (mindfulness) lors des moments intimes et sexuels, certaines techniques peuvent se révéler particulièrement utiles, favorisant ainsi une expérience plus épanouissante. Cela peut impliquer la mise en place d’un espace propice à la détente et à la concentration, en éliminant les distractions potentielles telles que le bruit (éteindre la télévision, la musique), les odeurs, ou les tâches inachevées. Certain.e.s peuvent même trouver utile de planifier l’activité intime à l’avance pour se préparer mentalement et lui accorder toute l’attention nécessaire. Dans le cadre de relations répétées, il est possible que la spontanéité soit mise de côté au profit de routines établies. Si vous souhaitez éviter cette routine, il est recommandé de participer à des activités qui encouragent l’exploration des sensations corporelles, telles que l’exploration mutuelle des corps et la communication ouverte sur les expériences et les ressentis. Prendre le temps nécessaire pour vivre pleinement ces échanges et intégrer de nouveaux gestes intimes peut stimuler le désir d’évolution dans la relation. L’intégration de pratiques de pleine conscience peut être bénéfique pour briser la monotonie et éviter ce sentiment de routine. En combinant et adaptant ces différentes approches, il est possible de cultiver une expérience sexuelle enrichissante et épanouissante.

Comprendre l’autre: ses envies, ses plaisirs, ses limites. 

Dans une relation intime et sexuelle, la compréhension de l’autre est essentielle pour cultiver un lien profond et épanouissant. Cela nécessite une prise de conscience attentive des désirs et des plaisirs de notre partenaire. Jouer sur les dynamiques de réciprocité peut être une approche constructive. Cela implique de s’entraîner à reconnaître nos propres émotions ainsi que celles de l’autre, en travaillant sur la théorie de l’esprit, afin de saisir les pensées et les sentiments distincts de ceux qui nous habitent. La validation directe avec notre partenaire peut être un moyen efficace de progresser dans cette compréhension mutuelle. Par exemple, demander ouvertement : « J’ai l’impression que tu apprécies lorsque je te touche ici, est-ce correct ? » constitue une façon de confirmer nos intuitions et de renforcer la connexion émotionnelle. Un entraînement supplémentaire peut également consister à écouter des films ensemble, tels que des films romantiques ou de la pornographie éthique et féministe, afin de susciter des discussions sur l’intériorité des personnages. En partageant cette expérience avec son partenaire, il est possible d’explorer les nuances des émotions, sensations et des motivations des personnages, ce qui peut enrichir la compréhension mutuelle et élargir les perspectives sur la sexualité et l’intimité.

Communiquer avec l’autre

Une fois que nous avons entrepris ces exercices pour mieux comprendre nos désirs et définir nos plaisirs, il est temps d’apprendre à bien les communiquer à notre partenaire.s. Une communication ouverte et franche tant avant qu’au cours de l’activité intime facilite grandement l’accès au plaisir. Il est important d’être attentif aux signaux non verbaux de notre partenaire lors des discussions sur la sexualité, observant s’il, elle, semble enthousiaste et réceptif (sourire, yeux fuyants…). De plus, adopter une communication non violente et empathique est essentiel. Cela implique de s’exprimer sans blâmer l’autre et en respectant les limites de notre partenaire. En orientant nos propos vers nos propres ressentis, sensations et émotions plutôt que de nous focaliser sur les comportements de notre partenaire. Par exemple, dire « Je me sens…lorsque nous faisons… » plutôt que d’accuser directement les actions de notre partenaire. L’idée principale ici est de commencer ses phrases par le “je” et non le “tu” en partageant nos émotions. Enfin, il peut-être utile de centrer la discussion sur les pratiques et les comportements plutôt que sur l’identité de notre partenaire, créant ainsi un espace de dialogue respectueux, ouvert et non accusateur. 

(Ainsi, il est donc intéressant de cultiver ensemble les avantages de la neurodiversité. Cela peut englober une exploration créative de la sexualité, une spontanéité dans les activités, ainsi qu’une générosité mutuelle dans le partage du temps et de l’énergie. En mettant en valeur ces aspects, les partenaires peuvent pleinement embrasser la diversité de leurs expériences et renforcer leur lien émotionnel. L’atypie sensorielle peut ainsi être perçue comme une force créative permettant d’innover et d’explorer sainement sa sexualité en fonction de sa propre sensibilité et de ses besoins. Chaque forme de neurodiversité est intimement liée à une expérience sexuelle spécifique, de la même manière que chaque individu, dans sa singularité, vit sa propre sexualité avec ses croyances, ses émotions, sa sensibilité et ses expériences uniques. Par conséquent, une communication ouverte demeure essentielle pour embrasser et accueillir pleinement la diversité de chacun.)