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Amour égalitaire

15 avril 2024

Anabelle Ramier

On entend souvent le récit d’une personne neurodivergente ayant développée des sentiments amoureux envers une personne en position d’autorité, comme un proche aidant ou un intervenant. La vérité, c’est que c’est normal de tomber amoureux ! Et qu’il est permis d’avoir des sentiments. 

Les personnes de confiance qui font partie du quotidien de quelqu’un ont un impact significatif dans leur vie. C’est pourquoi il est important d’aborder les relations égalitaires et les sphères d’affection.

Qu’est-ce qu’une relation égalitaire, alors ? C’est un espace où chaque personne impliquée peut exprimer son consentement de manière libre et éclairée. Si l’une des personnes détient un pouvoir sur l’autre dans une relation, le consentement peut être compromis et cela peut entraîner des situations ambiguës où la personne pourrait ne pas se sentir en mesure de refuser certaines faveurs, se trouvant ainsi en position de vulnérabilité. Comment peut-on alors signifier à l’autre que la relation est impossible ? 

Plusieurs éléments méritent d’être adressés en toute transparence, comme le consentement et les inégalités engendrées par une relation dans laquelle l’une des personnes est en position d’autorité. Bien entendu, l’âge entre en ligne de compte, ainsi que le contexte légal. Ce n’est pas une faute, personne n’est à blâmer si une personne sous votre charge éprouve des sentiments envers vous, mais des changements devront être mis en place pour recadrer la relation professionnelle ainsi qu’à sensibiliser aux relations égalitaires.

Après avoir discuté des relations inégalitaires, il est recommandé d’encourager l’autre à rencontrer des personnes du même âge qu’elle, de l’inciter à tisser des liens basés sur la confiance avec ses pairs et d’ainsi encourager le développement d’un sentiment d’appartenance avec des personnes avec lesquelles les relations égalitaires sont possibles. Il faut donc encourager son autonomie et qu’elle ait accès à l’intimité.

Connaître et comprendre son rôle est d’une haute importance, car cela vous aidera à dresser des limites claires et à prendre les actions nécessaires pour respecter l’intégrité de la personne sous votre charge, tout en soustrayant la possibilité d’une relation amoureuse. 

Que vous soyez proche aidant.e, intervenant.e, moniteur ou monitrice, le degré de proximité envers l’autre peut varier. Procurez-vous des soins à l’autre, lui donner le bain, changer la personne ou l’aider à aller aux toilettes ? L’accès à cette intimité peut parfois faire ressortir des émotions et des signes d’excitation physiques. Bien que cela soit normal, le respect de tous doit dominer l’interaction. Il faut d’ailleurs comprendre que d’avoir accès à l’intimité de l’autre est un privilège et que de demander à la personne qui reçoit vos soins, si elle consent à vos gestes et d’assurer son confort.

Que faire pour décourager l’excitation et continuer à procurer des soins à une personne dont vous êtes responsable ? Premièrement, il faut être en mesure de distinguer une érection non-volontaire d’une érection provoquée par l’excitation sexuelle afin de mettre les mesures pertinentes en place. Ensuite, si l’excitation est causée par votre présence, les options vont varier en fonction de votre rôle dans la vie de l’autre. Est-ce qu’il y a une équipe autour de vous ? Est-ce que vous pouvez adresser la situation à une personne responsable en qui vous avez confiance ? Le but est de vous désengager de l’intimité de l’autre.

Si cela est une option, laissez les tâches de proximité entre les mains d’un.e collègue afin de redéfinir votre rôle dans l’univers de l’autre, en occupant une sphère amicale sans entrer dans son intimité.

Le rejet affecte négativement l’estime de soi, il sera important d’accueillir les émotions de la personne ainsi que de redresser l’environnement dans lequel vous poursuivrez votre amitié et cela se fera par l’influence positive que vous occupez dans la vie de cette personne. Si une personne éprouve des sentiments envers vous, c’est qu’elle vous estime. Votre opinion sera alors importante pour elle et si vous l’encouragez à se faire plus d’amis avec des personnes de son âge qui partagent ses valeurs, ses goûts et ses aspirations, et ce, sans contexte d’autorité, vous l’encouragez à bâtir des relations solides et égalitaires.

Afin de respecter son autonomie, l’angle bienveillant consiste à lui suggérer des pistes, comme lui présenter différentes applications et événements de rencontres affectives et amoureuses, plutôt que de prendre l’initiative de l’inscrire vous-mêmes. De cette façon, vous lui laissez la liberté de décider, tout en lui soulignant que l’amour est possible, simplement ailleurs.

Si vous n’avez pas l’option de vous désinscrire des tâches de proximité, l’aide d’un.e sexologue spécialisé.e ou d’un.e ergothérapeute pourrait être la solution qui vous convient. L’important, c’est d’être en mesure de dresser vos limites, de respecter l’autre et de continuer vos activités avec un lien de confiance solide.